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Erri De Luca est un auteur italien de renommée mondiale, connu pour ses œuvres poétiques et profondes qui explorent les thèmes de la vie, de la mort, de l’amour et de la nature. Il a écrit de nombreux livres à succès au cours de sa carrière, mais quel est le meilleur livre de Erri De Luca ? C’est une question qui divise les critiques et les amateurs de littérature.
Il est indéniable que chaque livre d’Erri De Luca est unique et offre une expérience de lecture captivante. Ses histoires sont souvent inspirées de sa propre vie et de son amour pour la nature, et il utilise un style de narration simple mais profond pour raconter ses histoires. Il a également une grande capacité à créer des personnages complexes et réalistes qui restent gravés dans les esprits des lecteurs longtemps après la fin du livre.
Impossible
Erri De Luca
Présentation de Impossible
Au cours d’une randonnée dans les Dolomites, un homme tombe dans le vide. Un autre homme, qui se trouve à proximité, donne l’alerte. Ce sont toutefois pas des étrangers. Les deux hommes ont été compagnons dans un groupe révolutionnaire il y a quarante ans. Le premier avait trahi le second en le livrant, ainsi que ses camarades, à la police. Est-ce une simple coïncidence tragique ou un crime prémédité ?
Dans ce roman à suspense, un jeune juge interroge un accusé qui est deux fois plus âgé que lui. Cette confrontation met en lumière deux visions différentes de la justice et de l’engagement. Le narrateur, l’accusé, évoque sa propre expérience de la prison en disant qu’elle ne lui enlève pas grand chose à son âge, mais qu’une punition appropriée serait de pouvoir effacer les souvenirs de son passé de ses mains et de sa respiration. Il estime que le pouvoir de son juge se limite au présent.
Notre avis de Impossible
L'auteur nous plonge dans les années quatre-vingts, une époque où le volcan du court vingtième siècle semblait avoir éteint ses dernières éruptions. Pourtant, dans ce roman, les cendres encore chaudes de cette époque nous révèlent des histoires qui, malgré leur âge, sont encore capable de susciter des émotions intenses.
L'histoire débute avec la mort d'un alpiniste, dont la chute mortelle est signalée par un autre grimpeur. Mais pour le magistrat chargé de l'affaire, il est impossible d'accréditer la thèse de l'accident. Les deux hommes se connaissaient depuis toujours et avaient appartenu au même groupe révolutionnaire quarante ans plus tôt. Cette coïncidence rend l'affaire encore plus suspecte.
Le livre reconstitue les échanges entre le jeune juge et le vétéran des luttes émancipatrices italiennes des années soixante-dix. Le dialogue est ponctué de touchantes lettres à l'être aimé, créant une atmosphère à la fois tendue et émouvante. On se glisse dans les habits de l'auteur, un Napolitain, montagnard, d'extrême gauche, d'une génération qui est maintenant perdue pour les plus jeunes générations.
Le style d'écriture de l'auteur est à la fois poétique et vivant. Il nous emmène dans les Dolomites, où les descriptions des paysages sont d'une beauté à couper le souffle. Mais c'est surtout dans les échanges entre les personnages que l'auteur excelle, créant des dialogues intenses et profonds qui révèlent les contradictions et les inégalités de cette époque. "Impossible" est un livre qui doit être lu pour comprendre ce qui s'est passé dans le passé, et pour se rappeler que certaines choses ne peuvent être transmises par des explications, elles doivent être vécues.
L'avis d'AmiraLecteur
Le poids du papillon
Erri De Luca
Présentation de Le poids du papillon
Le livre « Le poids du papillon » nous plonge dans les Alpes italiennes, où un chamois domine sa harde depuis des années. Cependant, malgré sa taille et sa puissance exceptionnelles, l’animal sent que sa dernière saison en tant que roi est arrivée, sa suprématie étant menacée par les plus jeunes.
En face de lui, un braconnier revenu vivre en haute montagne, dont les espoirs en la Révolution ont été déçus, sait également que le temps joue contre lui. Il a soixante ans passés et sa dernière ambition de chasseur sera d’abattre le seul animal qui lui ait toujours échappé, malgré son extrême agilité d’alpiniste, ce chamois à l’allure majestueuse.
En parallèle, il y a la délicatesse tragique d’une paire d’ailes, cette « plume ajoutée au poids des ans ». Ce récit insolite d’un duel entre l’homme et l’animal nous offre une épure poétique d’une très grande beauté. Erri De Luca condense dans ce livre sa vision de l’homme et de la nature, parle de la montagne, de la solitude et du désir pour affirmer plus que jamais son talent de conteur, hors du temps et indifférent à toutes les modes littéraires.
Notre avis de Le poids du papillon
L'auteur nous embarque dans un univers montagnard, où la nature prend une place prépondérante. Il y décrit les émotions et les actions des personnages de manière simple et authentique, comme s'il en était lui-même témoin.
L'histoire est celle d'un vieil homme qui se lance dans une dernière chasse, celle d'un chamois qu'il nomme le Roi. Ce chamois devient alors un symbole, un fil conducteur de l'histoire, qui nous amène à réfléchir sur la fin de la vie, sur les combats et les souffrances de l'auteur.
Le style est minimaliste, mais cela ne l'empêche pas d'être riche en émotions et en sens. Le décor montagnard est décrit avec précision, et l'on ressent l'inhospitalité de cet univers, qui contraste avec la chaleur des relations humaines.
J'ai été touché par les thèmes abordés dans ce roman : l'écriture sacrée, la frugalité, la difficulté de vivre en société, l'injustice de la vie, la violence comme moteur indispensable du présent, le bien-être et la sécurité procurés par la vie à deux.
Il y a une grande dimension poétique dans ce livre, qui me laisse une impression de profondeur, malgré sa brièveté. Les mots et les phrases sont choisis avec soin, et l'on ressent la sédimentation des combats et des souffrances de l'auteur. Je recommande vivement "Le poids du papillon" à tous ceux qui cherchent une lecture riche en émotions et en sens.
L'avis d'AmiraLecteur
Montedidio
Erri De Luca
Présentation de Montedidio
Dans « Montedidio », l’auteur nous raconte l’histoire de Rafaniello, qui vit avec un ange. Selon lui, chacun de nous en a un, et ils ne voyagent pas, donc si on part, on les perd, il faut en rencontrer un autre. Celui qu’il rencontre à Naples est un ange lent, qui ne vole pas et va à pied.
L’ange lui dit qu’il ne pourra pas aller à Jérusalem, mais Rafaniello insiste, il veut savoir ce qu’il doit attendre. L’ange, qui connaît son vrai nom, lui répond : « Tu iras à Jérusalem avec tes ailes. Moi je vais à pied même si je suis un ange et toi tu iras jusqu’au mur occidental de la ville sainte avec une paire d’ailes fortes, comme celles du vautour. » Rafaniello se demande qui va lui donner ces ailes, l’ange lui répond alors : « Tu les as déjà, elles sont dans l’étui de ta bosse. »
Rafaniello est triste de ne pas pouvoir partir, mais heureux de découvrir que sa bosse, jusqu’ici un sac d’os et de pommes de terre sur le dos, impossible à décharger, est en réalité des ailes. Il raconte son histoire à l’auteur en baissant de plus en plus la voix et les taches de rousseur remuent autour de ses yeux verts fixés en haut sur la grande fenêtre.
Notre avis de Montedidio
L'histoire du passage à l'âge adulte d'un jeune adolescent napolitain, habitant dans ce quartier si particulier, m'a captivé dès les premières lignes. Les stigmates de la guerre sont omniprésents dans cette Italie des années 50, notoirement matérialisés par le personnage de Raffaniello, cordonnier juif rescapé de l'Holocauste qui rêve de rejoindre Jérusalem.
L'apprenti menuisier, notre héros, est un personnage complexe qui échappe au quotidien difficile de son père ouvrier et de sa mère flétrie par la maladie. Son vrai maître à penser est aussi son maître à l'atelier : Errico, imprégné d'une sagesse éternelle. La figure féminine de Maria, aimée de notre jeune héros, est une idéale, idéalisée ?
J'ai été profondément touché par le style épuré et ciselé de l'auteur, déjà remarqué dans Trois chevaux. Le verbe n'est ni néoréaliste, ni austère, ni violent, mais plein d'une vie juste qui ne dramatise ni n'exalte les joies et les tristesses du quotidien, les naissances et les morts, les espoirs vains et les bonheurs éphémères. Il y a beaucoup d'italien dans le texte, ce qui donne une chaleur très vive au texte. Naples, la ville, est décrite de l'extérieur, présentée comme un être prométhéen.
La langue de l'auteur est toute en micro signes, en images, impressions et surtout symboles (le métier de charpentier, le boomerang, les ailes sous la bosse, les amoureux qui nagent, le père qui redevient enfant...). Ce livre est avant tout un livre d'espoirs, d'espoir au singulier du reste, en la capacité de l'homme à se transcender. C'est un livre pétillant d'intelligence, au style digne et sobre, empreint de cette humilité qui fait la puissance évocatrice des plus grands. Un vrai chef d'oeuvre. Le style de cet écrivain-poète est magnifique. Dans ce court roman, Erri de Luca a su capturer l'essence de l'humanité avec une finesse poétique rarement égalée.
L'avis d'AmiraLecteur
Le mot de la fin
Erri De Luca est un écrivain, poète et traducteur italien connu pour son engagement politique et social. Il est né sous le nom de Henry De Luca dans une famille bourgeoise qui espérait qu’il poursuive une carrière de diplomate. Cependant, il a refusé cette voie et a rompu avec sa famille en 1968 pour se joindre au mouvement de révolte ouvrière. Il a été un dirigeant actif dans le groupe d’extrême gauche Lotta Continua, passant de la position communiste à l’anarchisme.
Au cours de sa vie, Erri De Luca a exercé de nombreux métiers manuels, notamment en tant qu’ouvrier spécialisé chez Fiat à Turin, manutentionnaire à l’aéroport de Catane, maçon en France et en Afrique, et conducteur de camions. Il a également démontré une grande passion pour les livres, héritée de son père.
En plus de son engagement politique, Erri De Luca s’est également engagé dans des actions humanitaires. Il a notamment conduit des camions de ravitaillement en Bosnie pendant la guerre de Yougoslavie.
Bien qu’il ait commencé à écrire dès l’âge de vingt ans, il n’a publié son premier livre, « Une fois, un jour », qu’en 1989. Depuis, il a reçu de nombreux prix prestigieux pour ses écrits, tels que le prix Femina pour « Montedidio » en 2002 et le Prix européen de littérature en 2013. Malgré son athéisme déclaré, il lit quotidiennement la Bible et a appris l’hébreu.